Architecte en trois temps:
Celui du tout début. A l'heure où son intervention sacralisait un lieu
par la construction d'un temple ou d'un palais rendant hommage aux divinités ou
aux rois. Cet architecte sanctificateur construisait des monuments incarnés de
symboles.
Il utilise les textes et les nombres sacrés, il
commande et il ordonne.
Ensuite, vint l'architecte de la modernité soumis à la pression utilitariste
d'une société en progrès. Cet architecte de la hâte devait faire vite et
beaucoup. Le plan modèle, le concept en bref, le projet reproductible,
industrialisable devient l'oeuvre qui fera ou pas sa notoriété et sa
reconnaissance.
Le bâtiment construit serait comme une illustration du projet.
Cet architecte utilise la règle et l'équerre, il
rationalise et il dessine
Le mouvement moderne se lit plus à travers ses discours et ses modèles qu'à
travers ses réalisations.
Certaines personnalités pourtant , telles que Corbusier représentaient peut
être les derniers héritiers d'une lignée traditionnelle d'architectes
sanctificateurs. Bien que lui même prônait l'industrialisation de
l'architecture, certains de ses édifices ont valeur de monuments vénérés encore
aujourd'hui par des néo corbuséens.
De l'architecte rationalisateur dont le projet est l'oeuvre, on passe
aujourd'hui à l'architecte prestidigitateur pour qui la représentation du
projet devient l'oeuvre en soi. Ce dernier, ne cherche pas forcément une
reproductibilité du projet par le bâtiment comme ce fut le cas à l'ère
industrielle, mais une reproductibilité du projet par l'image et la publicité.
Il portera toute son attention sur sa communication par les revues
et les expositions. Et si d'aventure il parvient à construire il fera de telle
sorte que son bâtiment puisse être aplati à nouveau pour continuer sa
diffusion médiatique en image.
Celle-ci fait l'objet d'une véritable stratégie de séduction. Elle joue sur
l'illusion et la confusion.
L'architecte utilise l'informatique. Il simule et
Il manipule.